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16/03/2011

"Apocalypse" now ?

Prions pour les Japonais, avec nos évêques et les leurs. Faisons un examen de conscience économique et industriel. Et demandons-nous pourquoi la Commission européenne a employé le mot "apocalypse" :


 

A propos du « catastrophisme » Depuis dix ans, la classe dominante en France (sous son gourou Allègre) ridiculisait les analyses et les avertissements en les taxant de « catastrophisme ». Grief pourtant peu scientifique, l'éventualité de catastrophes n'étant jamais à exclure ! Que serait une science qui exclurait une partie du possible ? Après Three Miles Island, Tchernobyl et nombre d'accidents moins graves mais prémonitoires, la réalité de Fukushima fait taire (momentanément) les amis du business.

D'un point de vue chrétien, exclure la possibilité des catastrophes revient à nier la Bible, où les catastrophes sont une conséquence des fautes de l'homme. Dans la Genèse (4, 11), le sol lui-même se révolte contre Caïn le fratricide. Dans Jérémie et Ezéchiel, la chute de Jérusalem est la sanction de l'idolâtrie... Exclure la possibilité de catastrophes serait nier la responsabilité humaine devant Dieu et envers la Création ; on s'étonnait donc de voir une partie du public chrétien répéter – sans réfléchir – l'hymne à l'irresponsabilité. Aujourd'hui, ce qui menace les Japonais montre où mène celle-ci, condensée dans une multinationale fonctionnant en « structure de péché », comme disent les théologiens modernes. (Note de notre blog hier).

 

Le mot « apocalypse » – Voulant souligner l'aspect terrible de la catastrophe de Fukuyama, la Commission européenne utilise le mot « apocalypse ». Sait-elle ce qu'il signifie ? « Retirer le voile », « révéler ce qui était caché » !

Historiquement, l'esprit « apocalyptique » apparaît dans la Bible chez les prophètes (Isaïe 24-27, Ezéchiel, Joël, Zacharie), puis il inspire toute une littérature « intertestamentaire » à partir du IIe siècle av. JC, et finalement la grande Apocalypse chrétienne, celle de Jean, à la fin du Ier siècle. Ces Apocalypses sont des évocations de la présence agissante de Dieu. Elles annoncent une ère nouvelle au delà des catastrophes présentes, dont elles donnent la clé : le péché des hommes. Elles disent que la perversité s'est emparée du monde, mais que le mal sera vaincu par Dieu. Elles exhortent les fidèles à se tenir prêts, vigilants, persévérants...

Quant à l'Apocalypse de Jean, elle dit que « l'ère nouvelle » est mystérieusement ouverte : depuis la résurrection du Christ, les chrétiens vivent d'avance le Royaume de Dieu. Le Christ étant victorieux une fois pour toutes, les « derniers temps » sont déjà là, et il faut se réveiller de la torpeur idolâtrique. Le texte de Jean donne ainsi une compréhension surnaturelle des tribulations présentes : il dit que ce qui s'accomplit dans l'histoire  aujourd'hui –  retentit dans l'éternel. Or ce qui s'accomplit de notre part, c'est la confrontation entre l'idolâtrie et le salut en Jésus-Christ. Les chrétiens sont appelés à s'engager totalement avec Lui, sans distraction ni double langage : ce qui implique tous les aspects de leur existence et de leurs responsabilités dans le monde actuel. Toutes les réalités terrestres sont saisies dans le dessein de Dieu...

Ce n'est pas probablement pas ça que la Commission avait en tête quand elle a dit « apocalypse », à propos de Fukushima.

Mais c'est ça qu'un lecteur de la Bible entend quand on lui dit : « apocalypse ».

Et ça l'éloigne absolument de la campagne d'opinion « anti-catastrophiste » menée auprès des chrétiens par les amis du business...

Cette campagne jouait sur le mot « développement ». Etant lié au « développement » de l'homme, martelait-elle, le christianisme était forcément lié à « la croissance économique ». Donc au productivisme-consumérisme ! Donc il devait rejeter toute critique envers ce système !

Ce raisonnement était de l'embrouille. En effet, qand l'Eglise parle de « développement », c'est dans un sens [*] qui n'a rien à voir avec le productivisme...

Les chrétiens ne seront plus dupes de la propagande du matérialisme mercantile : la catastrophe de Fukushima met un point final à dix ans de manipulation des esprits. Les catastrophes sont possibles et elles sont souvent le résultat des agissements de l'homme (comme la Bible nous le dit). L'Apocalypse est un message pour aujourd'hui : c'est un message d'espérance pour l'humanité. Et l'espérance rend lucide.

 

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[*]  "Développement plénier de l'homme", "développement de tout l'être", etc. En fait : l'inverse de la vision de l'existence dictée par le système économique.

 

Commentaires

BLOG UKRAINIEN

> Voici une explication renforçant le parallèle entre nucléaire et Apocalypse. Tiré du blog très populaire d'une Ukrainienne écrivain et historienne :

"Dans le langage ukrainien, Tchernobyl est le nom d'une herbe, l'armoise (absinthe). Ce nom effraie les croyants parmi les gens ici. La raison en est peut-être que chez les populations croyantes, la Bible mentionne l'absinthe dans le livre des révélations – qui prédit la fin du monde…
Révélation - 8:10. "Le troisième ange sonna de la trompette, et il tomba des cieux une grande étoile, ardente comme un flambeau, et elle tomba sur le tiers des fleuves et sur les sources des eaux."
Révélation - 8:11. "Et l'étoile s'appelle Absinthe : et le tiers des eaux fut changé en absinthe, et beaucoup d'hommes moururent par ces eaux, parce qu'elles étaient devenues amères."
Aussi, dans notre langue, si vous séparez le nom Tchernobyl, "chorno" signifie "noir" et "byl" veut dire "douleur".

Pour en lire davantage :
http://www.legag.com/tchernobyl/elena/chapter1_fr.html
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Écrit par : Tissier de Mallerais / | 16/03/2011

LES CATHOLIQUES A PIED D'OEUVRE

> Information de Zenit :
"Au lendemain du terrible tremblement de terre et du tsunami qui ont ravagé le Japon, tous, à commencer par l'Église catholique, déploient de grands efforts pour porter secours aux victimes de la tragédie.
Devant l'étendue du désastre, les évêques japonais souhaitent être en première ligne « pour maintenir la flamme de l'espérance », souligne à l'agence vaticane Fides, l'évêque de Sendai, le diocèse le plus touché, Mgr Martin Tetsuo Hiraga.
« La situation est très difficile. Nous ne sommes pas encore en mesure d'évaluer l'étendue du désastre », reconnaît-il. « Les nouvelles sont partielles ».
L'évêque précise que son diocèse est très grand et couvre quatre préfectures civiles pour un total de 500 km de côte environ dans le nord de l'île de Honshu, la plus grande de l'archipel nippon. Le tsunami en a touché plus de 300.
Il dit ignorer encore « combien de personnes sont mortes, disparues et déplacées », et ne pas savoir si « parmi elles se trouvent des fidèles catholiques » ; que les habitants sont « exténués et désorientés ».
« C'est une tragédie qui a eu un fort impact émotionnel sur la société », ajoute-t-il. « L'unité et la bonne volonté de tous est nécessaire ».
« Nous, catholiques, déclare Mgr Tetsuo Hiraga , sommes un peu plus de 10.000 dans le diocèse de Sendai, un petit troupeau. Mais nous continuons à prier pour les victimes et nous ferons tout notre possible pour soulager et témoigner le message d'amour du Christ en ce moment de souffrance », ajoute-t-il.
Les évêques japonais, informe l'évêque, se réuniront mercredi 16 mars à Sendai dans le cadre d'une réunion d'urgence pour décider des stratégies à mettre en œuvre.
La Caritas japonaise, comme beaucoup d'autres organisations sur place, tente de porter secours aux sinistrés du tremblement de terre et du tsunami. Le nombre de morts se chiffre en dizaines de milliers, celui des sinistrés en centaines de milliers. Le risque d'une catastrophe nucléaire n'est à ce jour pas totalement écarté."
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Écrit par : THB / | 16/03/2011

Sur le fil direct de 20minutes.fr :

"11h50: L'AIEA avait prévenu le Japon il y a deux ans
D’après le Telegraph, qui cite WikiLeaks, l’AIEA avait prévenu le Japon il y a deux ans pour alerter sur les règles de sécurité en vigueur dans les centrales nucléaires, qui n’étaient plus à jour, et qui poseraient problème en cas de fort séisme."
Le dévoilement progressif se poursuit, nous n'en sommes qu'au tout début...
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 16/03/2011

LE MESSAGE ESSENTIEL

> De PP : "L'Apocalypse est un message pour aujourd'hui "
Je dirais même plus : c'est le message essentiel pour notre temps, puisque "ces temps sont les derniers". Réaliser que tout a une fin, une limite, c'est commencer à comprendre que cette fin est reliée à une finalité qui est sans limites : le Salut. S'intéresser aux "fins dernières", c'est commencer à comprendre, autant que possible, pourquoi Jésus est venu parmi nous, pourquoi il est mort et ressuscité - à savoir pour le Salut de tous les hommes - et pourquoi il reviendra. Les fins dernières sont le sommet de l'espérance chrétienne : la victoire finale sur le mal, le retour du Christ en gloire, le jugement, la résurrection des corps. Et c'est bien le retour du Christ que nous voulons hâter par la prière de l'Eglise, notamment lorsque nous prononçons à la messe la formule de l'anamnèse. Cette anamnèse qui récapitule si bien le sens le plus essentiel de notre foi.
Si nous pouvions annoncer cela aux hommes de notre temps...
Nous le pouvons.
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Écrit par : Guillaume de Prémare / | 16/03/2011

BERNANOS CONTRE L'ATOME

> Je voudrais vous signaler la chronique de Gérard Leclerc de ce jour(France Catholique et RND) sur l'opposition entre ère chrétienne et ère atomique, selon Bernanos:
http://www.france-catholique.fr/Le-Japon-le-nucleaire-et-Bernanos.html

" Le Japon, le nucléaire et Bernanos

Le monde entier a les yeux fixés sur le Japon et la mort de dizaines de milliers de victimes de la catastrophe sismique. Comment éditorialiser alors qu’on aimerait plutôt se taire en union avec la douleur d’un peuple. Bien sûr, il y a les polémiques qui s’échauffent autour du nucléaire. J’en ai dit un mot hier. Elles sont tout à fait légitimes, à condition de respecter les règles de la rigueur nécessaire. Mais c’est très difficile, parce qu’avec un pareil sujet les opinions sont souvent radicalisées, solidaires d’une vision du monde, d’une conception de la technique ou du progrès. J’évoquais aussi hier Georges Bernanos et ses prises de position contre les expériences américaines de l’époque, qui avaient lieu à partir de 1946 sur l’atoll de Bikini.
Je suis retourné aux textes écrits à l’époque par un Bernanos, retour du Brésil, qui n’avait rien perdu – bien au contraire - de sa flamme. Nul doute qu’il appartiendrait aujourd’hui au camp des adversaires du nucléaire, non seulement pour des raisons techniques et en se prévalant du principe de précaution, mais en raison d’une conception de l’homme et de son existence, qui refusait toute religion séculière ou athée du Progrès et de la Science. Ces textes valent la peine d’être relus aujourd’hui, car on a perdu l’habitude de s’exprimer ainsi et de penser en pareil termes.
Je le cite dans un article d’octobre 1946 :
« Oui, j’espère de toutes mes forces que le monde moderne n’aura pas raison de l’homme. Le Monde moderne, c’est à dire l’État moderne, le Robot géant, planétaire auquel la science offre chaque jour des armes à sa taille. Il est clair qu’en face de cette Providence mécanique dont vous attendez la justice – pourquoi pas l’amour aussi, imbéciles ! - le Divin Mendiant pendu à ses clous fait piètre figure… »
Même en cette période de remise en cause de l’idée de progrès, ces paroles sont dures à entendre. La technique n’offre t-elle pas aussi des moyens pour venir au secours de la détresse ? N’y a t-il pas aussi une question de référence générale ? A quoi se rapporte une civilisation ?
Bernanos dans cet article opposait « Ère chrétienne et ère atomique », en exprimant l’idée qu’une idéologie idolâtre du progrès pouvait tuer l’âme et toutes les ressources vives de l’homme. Avait-il vraiment tort ? "
Chronique lue le 16 mars sur Radio Notre-Dame.
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Écrit par : Klara / | 16/03/2011

PAS D'ACCORD

> L'apocalypse n'est pas le terme utilisé par l'Eglise pour définir ce grand drame. Ce terme vient des médias et de certains. Ne pensez-vous pas que vous fusionnez théologie et technologie ? Jean Paul II avait déclaré que l'énergie nucléaire est un don de Dieu. Le Concile Vatican II parle de la juste autonomie entre les réalités naturels et Dieu. Pourquoi lier strictement économie, écologie et théologie ? On a l'impression, en vous lisant, que vos idées sont catholiques et qu'il n'est pas possible de ne pas y adhérer. Ceci dit, prions très fort pour les victimes et qu'une catastrophe soit évitée!

PA


[ de PP à PA :
- Que mes idées soient catholiques, c'est en effet ce que je souhaite. Je les exprime avec sincérité et (je l'espère) cohérence. Mais personne ne vous force à y adhérer !
- Ce qui est en cause n'est pas l'énergie nucléaire en soi, mais l'usage que le système économique en fait : usage indexé sur les besoins en énergie ; besoins de plus en plus excessifs en raison de l'artificialité du système productiviste-consumériste. D'où surchauffe générale et danger pour le monde.
- Si vous pensez que je me trompe, expliquez-nous en quoi...
- Pourquoi lier strictement économie, écologie et théologie ? Mais parce que la responsabilité du chrétien s'étend à toutes les sphères de son activité. On n'est pas "chrétien jusque là mais pas au delà..." Ou alors il faut déclarer, par exemple, que l'avortement ne relève pas de la morale sociale mais de la technique hospitalière... Si les questions économiques échappaient au regard chrétien, la doctrine sociale de l'Eglise n'existerait pas. Elle indique, précisément, les critères de mise en oeuvre des moyens techniques : et ce ne sont pas des critères techniques, mais des critères de morale (individuelle et collective). "Autonomie" ne veut pas dire "séparation". ]

réponse au commentaire

Écrit par : Paul Accattolli / | 17/03/2011

EXPLICATIONS

> Alors j'explique:
- les idées catholiques sont celles de la foi,des dogmes, du Credo... aussi il serait mieux, pour un dialogue ouvert, de dire que vous êtes un catholique qui a des idées, dont celles sur l'économie et sur l'écologie.
- le premier livre de Benoît XVI parle de deux niveaux, sur les lois par exemple: le niveau fondamental, et le niveau qui peut changer.
Aussi, avec le Concile, il y a une reconnaissance d'une juste autonomie des réalités temporelles, dont l'économie et l'écologie qui sont des thèmes qui vous tiennent à coeur.C'est très bien et légitime. Mais cela risque l'exclusion... car ceux qui ne sont pas d'accord, qu'en pensez-vous ? Juste autonomie, et en cela nous nous rejoignons, ne veut pas dire séparation en effet.
Mais vous risquez parfois de tomber dans le dogmatisme de la pensée.
Bien à vous

Écrit par : Paul Accattolli / | 17/03/2011

SAINT PATRICK

> Une Saint-Patrick de carême ?
Bonne fête quand même, cher PP.
D.

[ De PP à D. - Merci ! ]

Écrit par : Denis / | 17/03/2011

LA JUSTE AUTONOMIE

> L'autonomie par rapport aux réalités temporelles elle doit, en effet, être juste car "si par autonomie du temporel on veut dire que les choses créées ne dépendent pas de Dieu et que l'homme peut en disposer sans référence au Créateur, la fausseté de tels propos ne peut échapper à quiconque reconnaît Dieu" (G&S §36).
La foi, le dogme et le Credo ne sauraient être assimilés à des"idées catholiques": ils sont respectivement le don de Dieu par lequel nous avons accès à la Vérité et son expression dans l'Eglise. Un catholique qui a des idées n'agit pas en "homme qui a des idées" mais en tant que catholique, c'est à dire, au nom de sa foi, quelque soit son domaine d'action, et le Concile l'exhorte "tout en s'assurant la compétence et l'expérience absolument indispensables" à maintenir, "au milieu des activités terrestres, une juste hiérarchie des valeurs, fidèles au Christ et à son Evangile, pour que toute leur vie, tant individuelle que sociale, soit pénétrée de l'esprit des Béatitudes et en particulier de l'esprit de pauvreté"(G&S §72) Tout ce chapitre III de Gaudium et Spes dévEloppe de façon extrêmement concrète les aspects socio-économiques pour se faire une idée de la "juste autonomie" qu'il faut leur accorder.
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Écrit par : Klara / | 17/03/2011

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